Je me sens coupable. Très souvent, en fait, et de plein de
choses. Je crois qu’un réservoir inépuisable de sentiment de culpabilité est né
en même temps que chacun de mes enfants.
Ces temps-ci, je me sens vraiment coupable d’envoyer petit
L. à la garderie trois jours par semaine.
Je sais pourtant qu’il y est bien. Nous avons choisi la garderie
avec soin, et avons trouvé un endroit formidable qui a un programme sportif extraordinaire. Pour petit L., qui
bouge tout le temps et adore jouer dehors, au ballon et courir, c’est l’idéal.
Ma tête sait tout ça! Mais mon cœur ne le comprend pas
encore… Je me sens mal, parce que je reviens à la maison m’occuper de mes trois
autres enfants. J’ai l’impression de le mettre à part, et je déteste ça. Et les
matins où il doit aller à la garderie, petit L. n’est pas content. Il ne fait
pas de crises, ne pleure pas, mais boude un peu. Il préférerait rester à la
maison, je le sais bien.
Si j’allais travailler, et j’entends par là si j’avais un
emploi rémunéré, je me sentirais sans doute moins coupable. Pourquoi l’envoyer
à la garderie, alors, puisque je n’y suis pas vraiment obligée?
Parce que je dois trouver un équilibre entre les besoins de
tous mes enfants, voilà la réalité. J’ai deux grands à qui je fais l’école à la
maison qui ont besoin de calme pour pouvoir se concentrer, et de mon attention
pour pouvoir les accompagner dans leurs apprentissages. J’ai petit L., qui, à
deux ans et demi, déborde d’énergie, veut jouer dehors du matin jusqu’au soir,
et qui fait du bruit constamment. Et j’ai petite É., calme et douce, qui a besoin
que je la berce, que je la câline, que je joue avec elle aussi.
Au début de l’année scolaire, L. était à la maison avec nous
tous les jours. C’était une période intense où nous avons tous vécu beaucoup de
frustrations. Les grands se choquaient contre L. qui les dérangeait dans leurs
études. L. se choquait contre eux parce qu’ils étaient fâchés contre lui, et se
fâchait contre moi parce que je n’étais pas toujours disponible pour jouer avec
lui. Je me fâchais contre les grands parce qu’ils se fâchaient contre leur
petit frère, et je me fâchais contre L. parce qu’il faisait des mauvais coups
quand je ne m’occupais pas assez de lui. Et je me fâchais beaucoup contre
moi-même de ne pas consacrer assez de temps à mon goût à ma petite É, qui
passait souvent dans le beurre tant elle était tranquille. Et je me sentais coupable (ô surprise!) de ne pas être
capable de répondre aux besoins de chacun de mes enfants. Je m’en sens encore
coupable. En fait, je me sens vraiment « poche » des fois.
Au cours des derniers mois, nous avons décidé d’envoyer
petit L. à la garderie à temps partiel, pour essayer de retrouver un équilibre
et de faire diminuer les tensions dans la famille. Honnêtement, ça nous fait
tous du bien. Les jours où L. n’est pas là, nos travaux d’école avancent
vraiment bien. Je peux bercer ma petite É. et jouer avec elle pendant que les
grands font leurs trucs. Nous apprécions tous le calme et le silence qui règne
dans la maison ces jours-là. Quant à petit L, je pense qu’il s’est bien intégré à sa
garderie. Il boude le matin quand je vais le reconduire et ne veut pas que je
m’en aille. Mais les commentaires dans son agenda sont toujours positifs, il
mange et dort bien, et participe aux activités.
Dans mon monde idéal, je serais capable de me cloner pour
répondre de façon optimale aux besoins individuels de chacun de mes enfants.
Mais je ne peux pas. Je ne suis qu’une maman pour quatre enfants, tous
différents et uniques. Je ne peux que faire de mon mieux, même si ça implique
parfois de devoir faire des choix et des compromis qui me font sentir…
coupable.
Je ne suis pas maman et ne le serai jamais, donc je suis peut-être très mal placée pour commenter ce billet, mais je ne pense pas que ça soit une mauvaise chose d'envoyer L. à la garderie. Comme tu l'as dit, ta famille avait besoin de trouver un équilibre dans la routine et c'est le moyen que vous avez trouvé. Et puis ça lui permet d'être en contact avec des jeunes de son âge et de socialiser en dehors de son clan. Et tant qu'à être sur le sujet de l'équilibre, le fait d'en avoir 3 au lieu de 4 à t'occuper à temps partiel doit sûrement t'aider à te recentrer, te sentir moins stressée... Sens-tu une certaine amélioration au niveau de tes vertiges ces journées-là? C'est mon petit grand de sel.
RépondreEffacerÇa va de mieux en mieux à la garderie, et L. se plaint de moins en moins souvent les matins où il doit y aller. Ça m'encourage beaucoup et fait baisser mon sentiment de culpabilité! Les jours où il n'est pas là, c'est effectivement bien tranquille à la maison, avec seulement trois enfants ;-)
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