Nous sommes en plein milieu du mois de juillet. C’est l’été,
les vacances, et toutes les familles ont le droit d’en profiter à fond, sans
penser à l’école.
Toutes? Non. Pas celles qui font l’école à la maison sur le
territoire de ma commission scolaire.
Comme je vous l’ai déjà raconté, le directeur de l’école de quartier nous a signalés à la DPJ avec pour seul motif de signalement un
désaccord quant aux modalités d’évaluation de mes enfants. Et je vous rappelle
qu’il n’a jamais rencontré mes enfants, ne leur a donc jamais parlé ni posé
aucune question, et n’a même jamais vu leurs portfolios témoignant de leurs
travaux, apprentissages, sorties et projets. Bien entendu, le dossier a été
instantanément fermé à la DPJ.
Je suis loin d’être la seule dans cette situation.
Contrairement à moi, plusieurs familles faisant partie de la même commission
scolaire ont, elles, été convoquées par la direction de leur école de quartier
pour présenter leur portfolio. Généralement, ces rencontres se sont très bien
passées et les enfants ont pu faire la preuve qu’ils étaient bel et bien
éduqués adéquatement.
Malgré ces rencontres, où tout semblait parfaitement
correct, ces familles ont reçu cet été une lettre les avisant que le droit
de faire l’école à la maison à leur enfant leur était refusé pour la prochaine
année scolaire ! Pourquoi? Parce que, selon les directions d’école, la
rencontre avec les enfants, les questionnaires auxquels ils se sont prêtés
pendant la rencontre ainsi que la présentation de leur portfolio ne suffisaient
plus, tout à coup, à démontrer qu’ils reçoivent une éducation suffisante!
Du gros n’importe quoi!
D’une part, les commissions scolaires n’ont pas le pouvoir
de refuser à une famille de scolariser ses enfants à domicile. Son mandat est
simplement de s’assurer que les enfants reçoivent une expérience éducative équivalente à ce qu’ils recevraient à l’école. Ceci est tout à fait démontrable
par la présentation de portfolio.
D’autre part, les modalités d’évaluation de l’expérience
éducative ne sont pas précisées dans la Loi sur l’instruction publique.
Toutefois, les orientations ministérielles précisent que l’évaluation doit être
souple et peut se présenter sous de nombreuses formes. Le portfolio est un des
moyens valables énumérés.
La commission scolaire ne respecte donc ni la loi, ni les
orientations ministérielles en ce moment. De plus, elle fait vivre un stress
immense aux familles qui font l’école à la maison, et ce, de façon tout à fait
injustifiée.
Ces familles seront donc fort probablement signalées à la
DPJ elles aussi, sous motif de non-fréquentation scolaire, lorsque l’école se
rendra compte que leurs enfants sont absents à la rentrée scolaire.
La DPJ, qui connait mieux la Loi et les orientations ministérielles
que la commission scolaire, ne retiendra sans doute pas les signalements, comme
ce fut le cas pour nous.
Quelle perte de temps et d’énergie! Les intervenants de la
DPJ ont le mandat de protéger les enfants dont la sécurité et le développement
sont compromis. Ce n’est absolument pas le cas ici!
Les familles qui font l’école à la maison ne méritent pas d’être
traitées de la sorte. C’est inacceptable!
Je rage intérieurement que notre commission scolaire soit
aussi fermée d’esprit et fasse preuve d’autant de mauvaise foi. Pourtant, il
est possible d’avoir une relation positive entre parents-éducateurs et
intervenants du système scolaire : ça se fait dans plusieurs autres
commissions scolaires au Québec!
Quand je me sens amère et découragée, je repense aux raisons qui m’ont conduite à faire l’école à la maison et je me dis que ça vaut la
peine que je continue de me battre, même si c’est difficile.
Parents-éducateurs, ne vous découragez pas. Rappelez-vous
que vous avez choisi ce mode de vie et ce type d’éducation pour le bien de vos
enfants et de votre famille. C’est tout ce qui compte!
Aux élections scolaires il y a un taux de participation de moins de 10% au Québec. Pour changer les choses il faut utiliser les moyens mis à la disposition des citoyens. Dans le cas présent il y a les avenues suivantes;
RépondreEffacer1. Parler au commissaire d'école de votre quartier. Il (elle) est payé entre 6500$ et 7 300$ pour nous représenter auprès de la commission scolaire.
2. Regrouper les forces de l'école à la maison et vous présenter aux élections scolaires, tant qu'à payer pour se défendre pourquoi ne pas l'être?
3. Un autre représentant est votre député qui a un salaire de base de 89 000$ plus allocation de dépenses et autres avantages. Cette personne a le devoir de vous écouter et de vous proposer une solution, C'est votre représentant que nous payons à même nos taxes. Il faut donc les aider à gagner leur salaire pas seulement à travailler pour être réélu.
4. Finalement bien lire la chronique de Julie pour se donner le sentiment et le besoin d'agir. Les commissions scolaires sont des sinécures pour ceux qui y travaillent. S'ils avaient du vrai travail ils ne perdraient pas leur temps à chercher des problèmes ou il n'y en a pas
Tous ces moyens sont de très bonnes idées. Par contre, c'est difficile de mobiliser les familles qui font l'école à la maison pour se battre pour la cause. Personne d'entre nous ne veut perdre d'énergie à se défendre contre un si gros système. De plus, certaines familles sont "incognito" et ne veulent pas être découvertes, tandis que d'autres acceptent les examens et ne se sentent pas concernées pas ces préoccupations (et je ne porte aucun jugement sur ces familles, ce sont leur choix et c'est tout à fait correct), J'ai écrit ce texte pour tenir les gens au courant, mais en aucune façon je ne veux être la porte-parole de qui que ce soit, ni me retrouver seule devant tout ça. Je t'avoue que ça me fait un peu peur, tout ça... On verra bien! À suivre...
EffacerNon mais, ils vont-tu finir par vous lâcher?!? On aurait dû élire François Legault aux dernières élections, il voulait abolir ça, les maudites commissions scolaires. Il est où le problème à vouloir éduquer ses enfants autrement que selon le sacro-saint modèle établi par la société? En tout cas, j'espère que tout cela ne te découragera pas de continuer à faire l'école à la maison, car moi je pense que tu fais la bonne chose. Courage!
RépondreEffacerMerci de ton soutien et de tes encouragements, ma belle Viv! C'est très difficile moralement d'avoir à défendre notre choix pour l'éducation de nos enfants face à un si gros système. Mais je ne lâche pas, je suis prête à continuer, je vois trop de bienfaits pour ma famille et mes enfants :-)
EffacerJe suis contente que votre dossier soit fermé... et désolée de ne pas t'avoir écrit plus tôt. Je t'ai porté dans mes pensées, mais sans concrétiser. Heureusement l'issue est toujours la même, mais quelle perte de temps, d'énergie et de considération. Le pire c'est qu'il y a des endroits où certaines personnes des commissions scolaires sont plutôt ouvertes, conciliantes, voir capables de souligner l'excellence du travail que nous faisons (Lors de la présentation d'un porte-folio, on m'a déjà dit que des enseignants aurait intérêt à s'inspirer de notre façon de travailler) mais ces personnes sont vouées à disparaitre. Notre (chouette) personne de la commission scolaire se fait taper sur les doigts pour sa souplesse, comme si la rigidité pouvait mener quelque part ! Le gouvernement semble vouloir mener une véritable chasse aux sorcières pour trouver tous les enfants non déclarés (faisant un gros amalgame, au passage, avec les abus de certaines entités religieuses). J'avoue cela m’inquiète parfois... pourtant nous sommes tout à fait dans notre droit !
RépondreEffacerOh oui, ça m'inquiète aussi, cette "chasse aux sorcières"! Je me suis déjà fait dire, par une personne que je rencontrais pour la première fois : "Tu fais l'école à la maison? Tu vas devenir genre juive orthodoxe?". Euh... aucun rapport?? Il y a encore tellement de mythe à défaire!
EffacerMalheureusement, quand des nouvelles comme la fuite de la secte Lev Tahor éclatent, ça ternit l'image de toute la communauté qui fait l'école à la maison. Pourtant, au Québec du moins, ce n'est qu'une infime minorité des familles qui font l'école maison pour des raisons religieuses et qui s'isolent de la société.
On a encore du chemin à faire pour faire valoir notre choix de vie et éducatif...
Je compatis... Mon histoire d'école à la maison a été pas mal plus simple... mais je vois régulièrement des histoires d'horreur... Ce n'est jamais simple de sortir du cadre dans lequel "on" s'attend à ce qu'on se tienne tranquille!
RépondreEffacerBon courage.
Merci pour tes encouragements. Tu as raison, sortir de la norme est un constant défi dans la société dans laquelle nous sommes. Les familles qui choisissent de faire l'école à la maison dérangent le système scolaire en ne suivant pas toutes les règles qu'ils ont décidé d'imposer...
EffacerJe suis en retard dans mes lectures...et horrifiée par l'attitude de ce directeur! J'espère que vos vacances se déroulent bien maintenant (je vais continuer ma lecture haha). Bisous!
RépondreEffacerNos vacances se déroulent très bien! On en profite à fond! Mais comme je commence déjà à planifier ma prochaine année scolaire, c'est sûr que l'appréhension concernant les relations avec la commission scolaire revient aussi... Je ne les laisserai pas me marcher sur la tête, je suis très déterminée à faire valoir mes droits!
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