Comme ce fut le cas pour bien des jeunes de ma génération,
mon papa n’habitait pas avec nous. Mes parents se sont séparés alors que
j’étais toute petite et je voyais mon papa une fin de semaine sur deux.
Je ne voyais pas mon papa tous les jours, donc. Je ne le
voyais pas revenir du travail exténué. Je ne le voyais pas bougon, préoccupé ou
de mauvaise humeur. Mon papa avait hâte de nous voir, ma sœur et moi, et les
fins de semaine où nous étions avec lui, il était content de passer du temps
avec nous. Mon papa était, à mes yeux, toujours souriant, affectueux et heureux
de nous avoir près de lui.
Mon papa me lisait beaucoup d’histoires, autant en français
qu’en anglais. J’en garde de magnifiques souvenirs. « The Giving
Tree » reste à mes yeux la plus belle histoire que j’aie jamais entendue.
Mon papa m’a fait découvrir la poésie et la voix magnifique
de Leonard Cohen. Chaque fois que j’entends la musique de ce grand artiste, je
pense à mon papa.
Mon papa me chantait des chansons folles dans lesquelles des
loups sont en canot et des mouches à feu « sontaient » toutes « éteindues ».
Une autre de mes chansons préférées parlait d’un Eugène très peu débrouillard
qui demandait à Élise comment réparer le trou dans son seau. Aujourd’hui, c’est
à mon tour de faire rire mes enfants en leur chantant ces chansons drôles.
Mon papa m’emmenait tous les étés sur le bord de la mer,
dans le Maine. Ces vacances magnifiques font partie de mes plus beaux souvenirs
d’été.
Mon papa m’a appris à nager et à patiner. Il m’a aussi
appris à lancer à la perfection un ballon de football, ce qui impressionnait
beaucoup les sauveteurs sur la plage, aux États-Unis. En particulier un certain
Ray…
Mon papa m’a encouragée à faire du ballet. Aussitôt que mon
intérêt pour la danse s’est manifesté, il m’a inscrite à des cours. Après ma
première année de danse, il m’a incitée à aller passer les auditions pour la
troupe de danse de mon école de ballet. Je ne croyais pas être capable! Il m’a
dit que peu importe si j’étais sélectionnée ou non, l’expérience de l’audition
me ferait grandir.
Quand j’ai su que j’avais été choisie pour faire partie de
la troupe de danse, j’ai paniqué! Je ne dansais que depuis un an, comment
pourrais-je devenir aussi bonne que les autres danseuses? Mon papa m’a
dit : « S’ils t’ont choisie, c’est que tu es assez bonne.
Vas-y! » Alors, j’y suis allée. J’ai dansé plusieurs années avec la troupe
et ça a été une expérience très importante dans ma vie. Sans les encouragements
de mon papa, je n’aurais pas osé.
Mon papa n’a jamais manqué un de mes spectacles de danse, ni
de théâtre. Si j’avais eu un fan-club, il en aurait sans doute été mon
admirateur numéro un!
Mon papa m’a appris à conduire, en plein hiver, dans un
stationnement déserté. Il trouvait important que je sache faire des dérapages
contrôlés sur la glace. Il n’avait pas peur que je cabosse l’auto. Chaque
hiver, quand je dois conduire sur une chaussée glacée, je sais que j’aurai les
bons réflexes si ça dérape. Grâce à mon papa!
Mon papa et moi sommes allés visiter l’université Laval
ensemble. C’était une belle journée et j’étais si excitée à l’idée de
m’inscrire à l’université! Sur la route du retour, mon papa m’a laissée
conduire, même si je n’avais pas encore beaucoup d’expérience sur l’autoroute.
Mon papa me faisait confiance. Il s’est même endormi pendant le trajet, c’est
vous dire combien il n’était pas inquiet!
Mon papa a accepté et aimé mon amoureux dès qu’il l’a
rencontré. Et la veille de mon mariage, c’est chez mon papa que je suis allée
dormir. Le lendemain matin, quand j’ai enfilé ma belle robe blanche, j’ai vu ses
yeux briller d’émotion. Il m’a conduite vers mon Alexandre et lui a donné ma
main.
Notre première maison, c’est avec mon papa que nous l’avons
magasinée. Nous en avons visité des dizaines! Il était toujours là, patient, à
nous guider, nous conseiller. Avec l’aide de mon papa, nous avons trouvé notre
nid et y avons installé notre famille.
Quand j’ai perdu mon premier petit bébé, mon papa m’a
accompagnée chez le médecin. Plusieurs m’avaient dit : « Tu es jeune,
tu en auras d’autres! » Pas mon papa. Il savait bien que ce n’étaient pas
« d’autres » bébés que je voulais, mais bien celui-là. Il a respecté
ma peine et pris soin de moi.
Quand j’ai eu mes enfants, mon papa a été le premier
visiteur à se présenter à l’hôpital pour les rencontrer. Ce n’était pas l’heure
des visites, mais il a réussi à se faufiler quand même jusqu’à ma chambre sans
que les infirmières lui bloquent le passage. Seule petite É. n’a pu recevoir sa
visite, car il était en voyage. Mais s’il avait été là, je suis sûre qu’il
aurait été le premier à venir la voir, elle aussi.
Mon papa m’a accompagnée à une échographie au département de
génétique de l’hôpital Sainte-Justine, quand j’étais enceinte de petit L. Il a
été le seul, à part Alexandre, à faire la rencontre de petit L. avant même sa
naissance.
Mon papa est venu avec moi lors d’une radiographie du bras
cassé de grand A. Lorsque A. a eu un malaise tellement la douleur était forte,
c’est mon papa qui l’a transporté dans ses bras.
Quand petite É. a été hospitalisée plusieurs jours pour une
bronchiolite, mon papa est venu nous voir à l’hôpital pour me donner une petite
pause. Il y avait une terrible tempête de neige, et l’hôpital était loin de
chez lui, mais rien ne l’a empêché de venir. Il a enfilé la jaquette et le
masque pour ne pas contaminer petite É., l’a prise dans ses bras, et m’a dit
d’aller me reposer. J’ai pu souper tranquille, ce soir-là, et aller prendre une
belle marche pour m’aérer le corps et l’esprit. Ça m’a fait un bien fou!
Mon papa a toujours la tête dans les nuages. Oh, il n’est
pas lunatique du tout! Mais c’est un passionné d’aviation et s’il le pouvait,
il se ferait sans doute greffer des ailes tant il aime voler. Moi qui ai peur
de prendre l’avion, il m’a emmenée avec lui en planeur et en Cessna. C’est un
peu moins épeurant d’être dans les airs quand c’est mon papa qui pilote.
Mon papa m’a dit qu’un jour, il m’emmènera en voyage dans un
gros avion. Qu’il m’aiderait à vaincre ma peur. Je suis terrifiée juste d’y
penser, mais je sais que j’y arriverai. Avec mon papa!
Malgré tout ça, je sais que mon papa trouve qu’il n’est pas assez présent.
Qu’il n’appelle pas assez souvent. Que ses visites se font trop rares. Mon papa
est un homme très occupé.
Mais ce que je sais surtout, c’est que mon papa m’aime
inconditionnellement, m’accepte telle que je suis, me pousse à devenir
meilleure, me fait confiance plus que je ne me fais confiance à moi-même.
Papa, tu as toujours été là pour moi, et je sais que tu le
seras toujours. Je n’en ai jamais douté. Je suis choyée d’avoir un papa comme
toi.
Bonne fête des Pères, mon papa!
Je t’aime!
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