Qui suis-je?

samedi 4 avril 2015

Une élève modèle

Mardi matin, Alexandre et moi irons rencontrer le nouveau directeur de l’école de quartier ainsi que deux enseignantes pour leur présenter les portfolios de mes enfants, afin de démontrer que mes enfants sont bel et bien scolarisés selon le Programme du Ministère.

J’angoisse déjà…   
                           
Je vous ai déjà dit à quel point préparer les portfolios me déplaisait. Eh bien voilà, je dois m’y mettre, car je ne les ai pas commencés. J’ai plein de matériel, pages de cahiers d’apprentissage, écrits, travaux, photos, bricolages, etc. éparpillés un peu partout, mais rien de rassemblé.

Comme à chaque fois que je dois monter le portfolio, c’est un peu une torture pour moi de ne pas savoir quoi mettre et quoi laisser de côté. Car bien sûr, il est absolument impossible de présenter TOUT ce qu’on a fait depuis septembre! Il faudrait que j’apporte un classeur au complet tant j’ai de trucs!

Nous ne disposerons que d’une heure pour montrer à ces trois parfaits inconnus que sont le directeur et les deux enseignantes tout ce que nous avons fait depuis le début de l’année.

Ce qui rend l’exercice stressant pour moi, c’est que je n’ai aucune idée de leur opinion sur l’école à la maison ni de la façon dont nous serons reçus. Seront-ils ouverts à notre choix pédagogique? Sauront-ils apprécier les expériences éducatives vécues par mes enfants? Ou au contraire, auront-ils des préjugés et des idées préconçues face à l’instruction en famille? Essaieront-ils de nous piéger, de trouver toutes les petites failles, afin de nous décourager de continuer notre projet d’école maison?

Je sais bien que légalement, ils n’ont pas le pouvoir ni l’autorité de nous interdire de faire l’école à la maison. Leur rôle consiste plutôt à s’assurer que nous éduquons nos enfants selon le Programme du Ministère et à nous guider et nous conseiller afin d’y parvenir le cas échéant. Dans les faits, bien des directions d’école et commissions scolaires tentent plutôt d’intimider les familles et de les décourager par tous les moyens de faire l’école à la maison, quitte à faire des signalements injustifiés à la DPJ, comme l’ancien directeur l’a fait envers nous l’an dernier.

Je sais aussi et surtout que l’éducation que j’offre à mes enfants est de qualité, diversifiée et adaptée à eux. L’orthophoniste de grande M. ne cesse de me dire à quel point elle est ravie de ses progrès en français. Quant à grand A., je l’ai fait évaluer par une orthopédagogue au privé cet hiver et ses résultats étaient très satisfaisants. Il a réussi haut la main en compréhension de texte et en maths, et était un peu moins fort en français écrit, ce qui ne me surprenait pas du tout étant donné qu’il déteste écrire. Mais rien de dramatique et surtout, le sachant, nous avons réajusté le tir et pratiqué beaucoup ses capacités de rédaction.

Alors pourquoi la présentation du portfolio me rend-elle aussi nerveuse?

Je sais bien pourquoi. Parce que j’ai toujours été une bonne élève, à l’école, et inconsciemment, je veux l’être encore. Avoir des bonnes notes était une grande source de satisfaction pour moi et rendre mes enseignants et mes parents fiers était super important pour mon estime de moi. Ce trait de personnalité a engendré une anxiété de performance qui me nuit encore énormément aujourd’hui. La qualité de mon travail et de ce que j’accomplis, et j’irais même jusqu’à dire mes propres qualités en tant que personne, n’ont de valeur que si quelqu’un me dit que ce que je fais est bien. J’ai beaucoup de difficulté à me féliciter moi-même ou à être fière de moi. Je doute constamment, j’angoisse et suis incapable d’apprécier la qualité de ce que je fais si je n’ai pas l’approbation d’une autre personne que je juge « experte » ou plus compétente que moi. C’est très pénible.

Devant le directeur d’école et les enseignantes que je dois rencontrer dans mes démarches d’école maison, je ne me sens pas d’égale à égal. D’une part, eux se croient légalement en position d’autorité sur moi, ce qui est faux, mais néanmoins intimidant. Mais surtout, moi, je me sens non pas comme un parent-éducateur adulte, capable et compétent. Je me sens comme la petite Julie, la première de classe, la bonne élève, celle que les profs aimaient, qui était si sage et obéissante et qui faisait ses travaux à la perfection. Celle qui veut tant plaire!

Heureusement, je suis extrêmement déterminée et convaincue que notre choix éducatif est le bon et que mes enfants apprennent et s’épanouissent. Je suis aussi portée par ma colère envers le système scolaire, qui a carrément nui à ma fille et lui a fait du tort. Et j’ai encore sur le cœur le signalement injustifié à la DPJ que l’ancien directeur a fait contre nous l’an dernier. Juste d’y penser, j’enrage! Ces sentiments et expériences passées sont assez forts pour me donner la force de me tenir debout et de faire face à ces trois personnes que je rencontrerai mardi.

Évidemment, Alexandre viendra aussi. Lors de ces rencontres, il parle peu, étant un homme de peu de mots. Mais sa forte présence et son regard perçant font toujours grande impression. Il est mon roc, mon pilier, et avec nos convictions, mes mots et sa prestance, nous formons une équipe solide. Faire l’école à la maison est notre droit, nous le faisons bien, et si jamais ils tentent de nous intimider, gare à eux!

Et puis, qui sait? Peut-être que ce nouveau directeur fera preuve de plus de respect et d’ouverture face à notre choix éducatif que l’ancien. J’aimerais tellement sentir un réel désir de collaboration et de soutien de sa part…


On verra bien! À suivre mardi…

4 commentaires:

  1. Ouf, c'est l'aspect de l'éducation à domicile qui me stresse le plus. Pas parce que je ne pense pas être en mesure de fournir une expérience éducative de qualité, mais bien à cause de tous les préjugés que peuvent avoir les gens, surtout ceux qui travaillent dans le milieu scolaire (j'en ai dans ma famille.......). J'ai bien hâte de commencer avec Grand Fiston, mais tellement pas hâte de rendre des comptes!

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    1. Je te comprends, rendre des comptes à des personnes qui ne croient pas à ce qu'on fait, c'est une perte de temps et d'énergie incroyable! Heureusement pour moi, la rencontre s'est très bien passée, cette année.

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  2. Je te souhaite bonne chance. Je te comprends pour l'anxiété de perfromance. Je souffre un peu de la même maladie. Je me sais très compétente au travail, par exemple, mais j'ai besoin de rétroactions positives. j'ai une entrevue très importante a travail dans moins d'un mois et ca m'angoisse beaucoup. Même si je sais au fond de moi que je suis compétente pour le nouveau poste, je doute. Je crois que beaucoup de femmes sont comme ca et ca explique en partie pourquoi les femmes, dans le milieu professionnel notamment, plafonnent plus que les hommes. Elles ont moins de faciliter à se vendre et doute plus de leurs capacités, même si elle ssont souvent autant sinon plus compétentes.

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    1. C'est tellement pénible, de toujours douter de nos compétences, non? Moi, ça m'empoisonne souvent la vie. J'aimerais être fière et convaincue de mes talents et de ma valeur, mais je n'y arrive jamais totalement...
      Bonne chance à toi pour ton entrevue à venir, j'espère que tu nous en donneras des nouvelles sur ton blogue, que je suis religieusement :-)

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