Mon petit L., qui aura 4 ans cet été, est intense. Très
intense, en fait.
Ce n’est pas nouveau : il a toujours eu beaucoup de
caractère. C’était un bébé à bras, qui voulait toujours être touché et porté,
qui dormait peu et était facilement irritable.
Oh, ne vous méprenez pas! C’est aussi un petit bonhomme
absolument adorable, drôle, taquin et super affectueux! Mais intense.
Ces temps-ci, il fait des crises de colère monstrueuses et
hurle à tue-tête pour un oui ou pour un non. Chose certaine, tout le quartier
est alerté lorsque monsieur mon fils est contrarié! En plus de crier et de s’opposer
farouchement à tout ce qui lui déplait, il crie des gros mots, tape, donne des
coups de poing, griffe. Il pousse sa petite sœur, lui arrache les jouets des
mains. Quand je le mets en retrait dans sa chambre, il cogne dans la porte avec
des objets, renverse son petit meuble de rangement en plastique… Bref, il n’est
pas de tout repos!
Je crois sincèrement être une personne assez patiente en
général. Mais ces derniers temps, j’ai bien du mal à conserver mon sang-froid
devant les crises de colère de mon petit dictateur. Je déteste ce sentiment de
rage qui monte en moi en même temps que les décibels de sa voix et qui me font
prononcer à voix basse, entre mes dents serrées : « Petit monstre ! ».
Je déteste lever le ton, me fâcher contre lui. Je me déteste de lui avoir donné
une petite tape sur les doigts pour le saisir quand il était si fâché qu'il me
frappait à coups de poing. Je n’aurais pas dû faire ça, je sais.
Il n’est pourtant pas du tout comme ça à la garderie. Il s’oppose
un peu, parfois, mais très rarement, et n’y a jamais fait de crises de colère
comme celles qu’il fait à la maison. J’en suis bien heureuse, d’ailleurs, ça me
rassure beaucoup!
À la maison, toutefois, la situation est intenable. À bout
de ressources, j’ai consulté divers sites Internet sur la discipline chez les
enfants, question de voir si j’étais passée à côté de quelque chose…
Je n’ai rien trouvé de neuf sous le soleil. Toujours les
mêmes conseils, les mêmes explications. Besoin d’attention, recherche de
réaction de la part du parent même si son comportement produit une réaction
négative de ma part. Besoin de tester les limites, de se savoir aimé malgré son
comportement inadéquat. Je sais tout ça, j’avais déjà lu ça mille fois.
Il faut donc que je revienne à la base : lui donner
plus d’attention positive et faire preuve de constance et de cohérence dans mes
réactions face à ses comportements. Ça semble tout simple, dit comme ça, mais
ça ne l’est pas!
D’abord, j’ai toujours eu l’impression que mon petit L.
avait un besoin d’attention insatiable. Peu importe le temps et l’attention que
je lui accorde, c’est comme si ce n’était jamais suffisant. Il en prendrait
toujours plus, plus, plus. Comme si plutôt que de le combler et de satisfaire
son besoin, l’attention que je lui donne ne l’incite qu’à en demander
davantage. Je ne sais pas trop quoi faire avec ça.
Ensuite, être constant et cohérent dans les interventions
est un véritable défi dans une famille nombreuse. C’est déjà difficile d’être
toujours sur la même longueur d’onde dans nos façons d’intervenir entre deux
parents, si vous rajoutez à ça un grand frère et une grande sœur préado dans le
portrait, ça complique encore plus les choses!
Bien entendu, mes deux grands ne sont pas les parents et n’ont
pas à intervenir comme tel. Mais ils s’occupent beaucoup de leur petit frère,
ma grande M. le garde parfois, et naturellement, comme ils sont les plus vieux,
ils ont comme une « autorité naturelle » qui vient avec leur rôle.
Forcément, donc, ils interviennent souvent auprès de leur petit frère lorsqu’il
a un comportement inadéquat, comme lorsqu’ils le voient bousculer sa petite sœur
ou lancer des objets. C’est normal.
En plus, en bons préados qu’ils sont, et en qualité de grand
frère ou de grande sœur, ils ont la mèche bien courte en ce qui concerne leur
petit frère qui souvent leur tape sur les nerfs. Ces temps-ci, je pense qu’ils
l’aiment autant qu’ils le trouvent agaçant!
Ce qui fait donc que moi, Alexandre, grande M. et grand A.
intervenons auprès de petit L. Chaque jour, quatre personnes ayant chacune leur
façon de faire, leur degré de patience et de fatigue dans le corps, leur
personnalité et leur vision des choses réagissent complètement différemment
face à ses crises et ses oppositions. Ça fait beaucoup.
Je pense que je vais devoir avoir une discussion avec mes
grands, qui sont très impatients face à leur petit frère ces temps-ci et qui
montent souvent le ton très vite à la moindre petite chose qu’il fait de
travers. Je vais leur rappeler que c’est moi la maman et que s’il y a quelque
chose, qu’ils doivent venir me voir pour que j’intervienne. Je vais aussi leur
demander de mettre un peu d’eau dans leur vin et leur rappeler qu’il n’a que 3
ans… ce qu’ils semblent oublier bien souvent.
De mon côté, je vais respirer par le nez et essayer de
retrouver un peu de zénitude dans cette période intense avec mon fils intense.
Je vais aussi faire de très très gros efforts pour être constante dans mes
interventions et réactions, parce que je sais bien que je ne le suis pas tout
le temps. Je crois qu’il n’y a rien de pire pour un enfant sensible qu’un
parent imprévisible…
Je vais continuer de réfléchir à tout ça, mais si vous êtes
déjà passés par là avec vos propres enfants et que vous avez des trucs,
conseils ou encouragements à me donner, je suis tout ouïe!