Au cours des derniers mois, certains membres de notre entourage
ont vécu des périodes de vie très difficiles. D’abord, au cours de l’hiver, la
maman de mon beau-frère a été portée disparue plusieurs semaines avant d’être
retrouvée, inerte, dans sa voiture. Dépressive, elle s’était enlevé la vie. Une
autre personne près de nous a reçu un diagnostic de dépression et a été mise en
arrêt de travail pour prendre le temps de se guérir.
Mes enfants ont été mis au courant de ces événements, bien
entendu. Ils entendaient les adultes autour d’eux en parler, puis nous en
reparlions un peu entre nous par la suite. Ils n’avaient pourtant pas posé beaucoup
de questions sur le sujet, jusqu’à ce que j’aie une conversation avec grand A.
sur… le bonheur.
Un après-midi, alors que nous étions en voiture tous les
deux, grand A. s’est mis à me parler avec enthousiasme de son début d’été.
Grand A., rayonnant : « Ah, maman, c’est le plus
bel été de ma vie! Je fais plein de choses super le fun, je vois des amis tout
le temps, grande M. est partie au camp deux semaines et j’ai la paix! C’est
TROP COOL! »
Moi, amusée : « Wow, je suis contente que tu sois
aussi content! »
Grand A., toujours sur son nuage : « En plus,
quand on a fêté ma fête, c’était TROP COOL! C’est la plus belle fête de ma vie!
Hey, j’ai dormi deux nuits dans la tente avec des amis différents deux nuits de
suite! Et puis mon ami Louis m’a donné un super fusil Nerf TROP COOL! »
Moi : « Haha! C’est vrai que vous avez eu l’air de
bien vous amuser! Vous avez rigolé jusqu’à tard! »
Grand A, un grand sourire aux lèvres : « Et puis
bientôt, ce sera ma semaine de camp scout, ça va être TROP COOL! Je suis trop
content, maman! »
Moi, heureuse : « Je suis tellement heureuse d’entendre
ça! Tu sais quoi, mon grand? Tu devrais fermer les yeux et prendre le temps de
bien ressentir la joie que tu ressens présentement. Comme pour te faire une
petite réserve de bonheur dans ton cœur. »
Grand A., songeur : « Oui, comme ça, quand je suis
triste, je pourrais repenser à combien je suis content présentement, et ça me
rendrait content à nouveau. »
Moi : « Oui! Des fois, on se sent tellement triste
qu’on oublie que ça se peut, d’être heureux. Moi, j’aimerais ça que tu ne l’oublies
jamais, que le bonheur existe. »
Grand A. : « Est-ce que c’est ça qui est arrivé à
la maman de mon oncle? Et à (la personne proche de nous), qui est en
dépression? Elles ne savaient plus que ça se pouvait, d’être heureux? »
Moi : « Oui, c’est un peu ça. C’est à cause d’une
maladie qui s’appelle la dépression. Les gens qui font une dépression se sentent
toujours tristes et très fatigués. Ils ne font pas exprès, c’est comme si leur
cerveau était déréglé et n’était plus capable de se sentir heureux. »
Grand A. : « Est-ce que ça se guérit? Parce que
(la personne proche de nous), elle, elle va guérir, hein? »
Moi : « Oh oui, ça se guérit! (La personne proche
de nous) fait tout ce qu’il faut pour aller mieux. Elle voit un docteur pour le
corps, elle voit un docteur pour le cœur, elle se repose, elle prend soin d’elle.
Mais ça prend du temps, guérir d’une dépression, il faut être patient. Le
plus dur, je crois, ça doit être de ne même plus croire que le bonheur est
possible tellement on est triste. C’est pour ça, tantôt, que je t’ai dit de
faire des petites réserves de bonheur dans ton cœur. »
Grand A. : « En tout cas, moi, je vais me faire
plein de réserves de bonheur. Et cet été, ça va être facile, parce que c’est
TROP COOL! »
Après cet intermède de conversation plus sérieuse, il est
resté un peu songeur, puis s’est remis à me placoter avec enthousiasme de
toutes les belles choses qu’il avait prévues pour l’été.
Je n’ai aucune idée si ça fonctionne vraiment, en cas de
dépression, de repenser à nos « petites réserves de bonheur ». Mais
je me suis dit que ça ne ferait pas de tort de lui rappeler de s’arrêter,
parfois, pour savourer sa vie, ses joies, les plaisirs qu’il vit.
Je me souviens que lors de mon mariage il y a 12 ans, quelqu’un
m’a dit : « La journée va être chargée et va passer très vite. Prends
le temps de faire des pauses et de prendre des photos mentales de ce que tu
vois et de ce que tu vis, parce que sinon, tu ne te souviendras plus très bien
de ta belle journée ».
Franchement, c’est un des meilleurs conseils qu’on m’ait
donné. Je l’ai suivi, ce conseil, et à ce jour, quand je repense à mon mariage,
j’ai des images précises et des sentiments imprimés dans ma mémoire et dans mon
cœur. Effectivement, cette journée a été un magnifique tourbillon et si je n’avais
pas pris le temps de m’arrêter plusieurs fois pour simplement savourer l’instant,
je crois que j’en aurais moins profité.
Mon fils, à 10 ans, mord dans la vie à pleines dents. Il est
si éveillé, enthousiaste, rieur! J’espère qu’il suivra mon conseil et se fera
des petites réserves de bonheur qui, peut-être, l’aideront à traverser les
moments plus difficiles. Parce qu’inévitablement, il en vivra lui aussi, des
peines, des tristesses, de la colère.
En attendant, je le regarde aller avec son énergie
communicative et son sourire contagieux, et je prends une petite minute pour le
contempler. Aujourd’hui, c’est mon fils et sa joie de vivre que je prends en
photo dans mon cœur!
L'important, c'est de se rappeler qu'on les a en nous ces petites réserves de bonheur, quand le soleil quitte notre cœur. Ce n'est pas toujours évident...
RépondreEffacerC'est vrai que ce n'est pas toujours évident... Le soleil est parfois très très bien caché derrière les nuages... Mais il revient toujours!
EffacerC'est beau cet échange. Merci de nous le faire partager.
RépondreEffacerMerci Katherine!
EffacerC'est beau de voir ton fils si heureux! ;o)
RépondreEffacerEt ta grande fille, comment s'est passé son camp?
Le camp de ma fille s'est super bien passé! Elle ne voulait plus revenir à la maison! J'écrirai un billet sur le sujet dès que j'aurai un peu de temps :-)
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