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vendredi 15 janvier 2016

Je m'énerve moi-même

Ça y est, j’ai reçu l’appel du directeur de l’école pour m’informer que grande M. passera ses examens de français les 25 et 26 janvier, et ses examens de maths en février.

Elle aura droit à toutes ses aides technologiques et autres outils, tel que stipulé dans le plan d’intervention rédigé par l’orthophoniste et l’orthopédagogue que nous voyons au privé.

Comme ce seront des journées pédagogiques, elle sera seule dans la classe avec une enseignante de 6e année, qu’elle a déjà rencontrée une fois.

L’enseignante et le directeur ont lu le plan d’intervention et le rapport d’évaluation d’orthophonie de grande M. et connaissent donc ses difficultés et les adaptations nécessaires.

Ils m’ont fait parvenir un plan détaillé expliquant comment se dérouleront ces journées d’évaluation. Pas de « pogne », pas de surprises, et les conditions que j’ai demandées sont respectées.

À première vue, tout est parfait.

Mais je stresse quand même et je m’énerve moi-même d’être aussi énervée!

Je suis aussi stressée que si c’était moi qui devais passer ces examens. Peut-être même plus, parce que même si c’est ma fille qui est évaluée, je sais bien que je le serai aussi, indirectement. Cette fois, par contre, je n’ai aucun pouvoir sur la situation. Je ne peux pas étudier, réviser mes notes ou vérifier mes informations ad nauseam comme lorsque j’étais étudiante. C’est ma fille, maintenant, l’élève évaluée.

Je l’ai préparée de mon mieux. Je l’ai fait suivre par des professionnelles extraordinaires pour compléter mon enseignement et mieux l’outiller, en raison de ses difficultés d’apprentissage.

Je lui ai montré plein de choses, répété, répété encore, réexpliqué de mille différentes façons pour m’assurer qu’elle comprenne. Je lui ai donné de mon temps, de mon énergie et de mes connaissances.

Les 25 et 26 janvier, je ne pourrai pas faire plus. Ce sera à son tour de jouer.

Quand on choisit de faire l’école à la maison, on ne sait pas à quel point nous serons jugés, en tant que parent-éducateur. Aux yeux de la commission scolaire et des intervenants scolaires (pas tous, heureusement), nous ne sommes pas aptes à enseigner à nos enfants. Nous ne sommes que des parents, après tout. Nous devons constamment nous battre et faire nos preuves, démontrer que nous sommes intelligents et capables d’apprendre des choses à nos enfants. C’est lourd et c’est stressant.

Si ma fille réussit ses examens, ça voudra dire que je lui ai bien enseigné. Si elle échoue, c’est moi qui aurai échoué dans mon rôle de parent-éducateur. Je sais bien que c’est faux, mais j’ai bien peur que ce soit ainsi que ça se passe... Pour les institutions scolaires, la compétence des parents-éducateurs est directement liée aux résultats d’évaluation de leur enfant. Pourtant, tous les enseignants ont, dans leurs groupes, des élèves qui réussissent et d’autres qui échouent, et leurs compétences à enseigner ne sont pas remises en question!

Bref, ça m’énerve, ça m’angoisse. Et ça m’énerve de m’énerver. J’aimerais tant être zen, être au-dessus de tout ça, et que les jugements des intervenants scolaires ne m’affectent pas. J’aimerais tant être solide, confiante, imperturbable. Mais je ne suis pas comme ça.

Techniquement, grande M. devrait bien réussir ses examens de compréhension de lecture. Elle devrait aussi assez bien s’en sortir avec la rédaction de textes, puisqu’elle aura droit à ses outils technologiques.

Ce qui m’inquiète plus? Les maths, surtout les résolutions de problème, qui sont pour elle un énorme défi. Et son rythme de travail qui est lent, si lent! Sera-t-elle capable de terminer ses examens dans le temps alloué?


Nous avons encore dix jours pour travailler, réviser et nous préparer. Après ça, advienne que pourra…

4 commentaires:

  1. Ne travaille pas trop fort parce que si ses résultats sont trop bons, elle aura moins d'aide que si elle est considérée en grande difficulté. Si déjà vous la faites voir en privé par une orthopédagogue et par une orthophoniste, c'est extraordinaire (et super cher! Comment faites-vous?) Ses difficultés académiques ont peu à voir avec ton enseignement et tu le sais bien dans le fond et je pense que les intervenants scolaires qui connaissent les problèmes d'apprentissage vont être surtout occupés à chercher une classe convenable pour ta fille! Elle aura de l'aide et sera classée selon son niveau véritable et toi, tu changeras ton statut de maman enseignante pour celui de maman tout court! Un grand poids va s'enlever de tes épaules.

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    1. J'espère vraiment que tu as raison et que la préoccupation des intervenants scolaires consistera à lui trouver la classe la plus adaptée à ses besoins. Quant l'orthopédagogue et l'orthophoniste au privé, eh bien... on se serre la ceinture, on coupe, coupe, coupe partout où on peut, et on y arrive! Quand on est plus serrés financièrement, on espace les rendez-vous.
      Merci Femme libre, pour tes commentaires si pertinents qui m'aident toujours à me remettre les idées en ligne. :-)

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  2. Ne tiens pas compte de ce que je vais dire si j'ai mal suivi l'histoire, mais il me semble qu'elle avait justement été retirée de l'école parce que le milieu scolaire ne convenait pas? Le "pire" qui puisse arriver c'est que ses difficultés d'apprentissage soient restées les mêmes, mais en ayant été dans un milieu où elle s'épanouissait davantage durant quelques années.

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    1. Tu as absolument raison, elle était en échec à l'école et son estime d'elle était au plus bas. Je sais bien que ces années d'école maison lui ont été bénéfiques et lui ont permis de se reconstruire. Je ne regrette pas du tout de l'avoir retirée du système scolaire. Ce que je déplore, toutefois, c'est l'absence de soutien et d'ouverture des commissions scolaires face à ce choix éducatif. Les parents sont souvent jugés très sévèrement dépendamment des résultats de leurs enfants aux évaluations. Ceci est à la fois injuste et très stressant!

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