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jeudi 2 octobre 2014

Retrouver l’équilibre



Il y a deux ans, notre vie a pris tout un tournant. Oui, avec le recul, je peux dire que 2012 a été une année de fou!

D’abord, Alexandre a perdu son emploi. Dans le domaine de la construction, c’est assez normal que les employeurs mettent à pied des employés pendant la saison creuse ou quand le nombre de contrats est à la baisse.

Nous n’étions donc pas sous le choc, sachant que le travail allait reprendre éventuellement. Toutefois, cette mise à pied a été un élément déclencheur d’une grande étape dans notre vie : Alexandre s'est lancé à son compte.

Ça faisait des années qu’il y pensait et devenir entrepreneur était un rêve qui semblait inaccessible, car beaucoup trop insécurisant financièrement. Après tout, il était le revenu principal de notre famille, puisque nous avions décidé que je serais plus disponible pour les enfants.

Partir à son compte, c’est compliqué, en construction. Il y a les examens à passer pour obtenir la fameuse licence de la RBQ, le cautionnement à obtenir, les différents organismes auprès de qui être accrédité, le matériel à acquérir, les assurances à magasiner, et tous les coûts associés à ces démarches. Ensuite, bien sûr, il y a les contrats à trouver pour que l’argent entre.

Nous n’avions pas d’économies. Nous n’avions pas planifié d’avance cet important projet. Nous n’avions pas prévu quelles seraient nos sources de revenus en attendant que l’entreprise soit rentable.
Tout ce que nous savions, c’est que c’était le moment de passer à l’action et de mettre toute notre énergie et nos efforts pour lancer l’entreprise… puis espérer que ça marche.

Alexandre et moi, on s’est regardés droit dans les yeux, avons pris conscience des risques. On s’est tenus par la main et on a sauté dans le vide. On ne savait pas si on y arriverait, mais on savait que si on se plantait, on trouverait bien le moyen de se relever.

Les premiers mois, les dépenses de démarrage d'entreprise étaient plus élevées que les revenus, et c'est normal. Mais on a dû s’endetter pour pourvoir à nos besoins de base, comme faire l’épicerie et habiller les enfants. On a tout fait pour trouver de l'argent partout où on pouvait. On a vendu une voiture. On a coupé le câble. On a renégocié notre hypothèque. On a gratté toutes nos (très) maigres économies. On a sabré dans toutes nos dépenses, en fait.

Alexandre a étudié comme un fou pour arriver à réussir ses examens. Ça a été très difficile pour lui qui n’a jamais été très bon à l’école. Mais il ne s’est pas découragé et y est parvenu. J'étais tellement fière de lui, de sa persévérance et de sa détermination!

Après les démarches de démarrage d’entreprise, le plus gros du travail restait à faire : trouver des clients, signer des contrats, travailler!

Et pour travailler, il a travaillé. De longues, très longues heures.

À ce moment-là, grande M. allait au plus mal à l’école. Et nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure de l’école à la maison. 

Nous ne savions pas dans quoi nous nous embarquions. Ce choix éducatif marginal était tout nouveau pour nous. Mais nous savions que c’était le moment ou jamais de sortir notre fille d’un système scolaire qui lui faisait du tort, pour lui redonner le désir d’apprendre.

Alors, Alexandre et moi nous sommes regardés dans les yeux. Avons pris conscience des risques et des conséquences de ce choix. Puis, nous nous sommes pris par la main et avons sauté dans le vide, encore une fois. Pour sauver l’estime d’elle-même de notre fille et son avenir scolaire, nous n’avions plus rien à perdre.

En 2012, nous avions donc une nouvelle entreprise. Expérimentions une nouvelle expérience éducative. Avions trois enfants, dont un petit L. d’à peine un an. Puis, je suis devenue enceinte de petite É.

Une année de fou, vous dites? 

Depuis deux ans, donc, notre couple-équipe s’était divisé les tâches de façon très précise pour que nous puissions y arriver. 

Alexandre travaille, travaille, et travaille encore. Il peinture toute la journée et le soir, fait des soumissions, de la facturation, de la (plate, mais nécessaire) paperasse de bureau, prépare ses outils en prévision du travail du lendemain.

Moi, j’enseigne à mes deux plus grands enfants et m’occupe de mes deux plus petits. J’avais mis mon travail de rédactrice de côté, n’ayant plus le temps ni l’énergie de prendre des contrats.

Le temps a passé. On ne l’a pas vu, en fait, tellement nous étions occupés!

Dernièrement, très très tard le soir, une fois les enfants couchés et nos tâches terminées, Alexandre et moi avons eu le temps d’avoir une bonne conversation.

J’étais fatiguée et déprimée, depuis quelque temps. J’ai beaucoup de vertiges et je suis à fleur de peau. Alexandre le voyait bien.

Alexandre a des douleurs un peu partout, mais surtout dans sa vieille blessure à l’épaule. Il traine un interminable mal de gorge. Il était fatigué. Je le voyais bien.

Je lui ai dit que je commençais à trouver lourd d’avoir la tâche de l’éducation des enfants sur mes seules épaules. Que je commençais à être tannée d’être uniquement maman au foyer. Que mon travail de rédactrice me manque. Que je voulais faire autre chose, que la routine à la maison avec les enfants me pèse de plus en plus.

Il m’a dit que maintenant que son entreprise roule, que les contrats se succèdent et que l’argent commence à rentrer, il aimerait ralentir un peu la cadence pour être plus présent auprès des enfants. Il s’ennuie d’eux et aimerait développer un lien encore plus fort avec petite É., avec qui il passe un peu moins de temps qu'il le souhaiterait.

Nous sommes rendus au même point en même temps. Nous avons tous deux besoin de changement. De redéfinir nos rôles dans notre couple-équipe, pour continuer de s’épanouir en tant que couple, parents et travailleurs.

Alors, nous avons amorcé les changements qui s’imposent. J’ai recommencé à prendre des contrats de rédaction et j’en suis très heureuse. Ça me manquait beaucoup et ça me fait tellement de bien! J’aime les défis que ça m’apporte et travailler en collaboration avec mon amie Nathalie est toujours aussi agréable.

Depuis que petit L. va à la garderie, j’ai du temps pour travailler. Les grands sont de plus en plus autonomes dans leurs études et je peux faire de la rédaction auprès d’eux pendant qu’ils travaillent. Petite É. fait encore deux siestes par jour, ce qui me donne du temps libre également.

Alexandre, quant à lui, va graduellement assouplir son horaire pour être plus présent à la maison. Comme je gagnerai un peu d’argent avec mon travail, il pourra se permettre de se libérer du temps pour faire certaines tâches de bureau le jour, la semaine, plutôt que les soirs et la fin de semaine. Toutes les minutes de plus qu’il pourra passer avec les enfants leur feront tellement plaisir!

L’entreprise va bien. L’école à la maison aussi. Les enfants grandissent, leurs besoins changent. Les nôtres également.

Tout change, tout évolue, rien n’est statique. Le moment était venu de faire un bilan et de réévaluer notre situation, de redéfinir nos rôles.

De retrouver l’équilibre!

8 commentaires:

  1. Ah que j'aime lire ça!, vraiment contente pour vous!!! L'équilibre! ��

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    1. Merci, mon amie! Je savais bien que le mot "équilibre" t'interpellerait ;-) Merci de ton indéfectible soutien. xxx

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  2. Quelle belle équipe, je vous souhaite à tous une bonne continuation dans l'équilibre qui vous convient !!!
    Je suis votre blog depuis peu et, même si je ne fais pas l'école à la maison, j'aime beaucoup vous lire. Les questions d'organisation, de famille nombreuse et compagnie, c'est mon quotidien également et je trouve vos réflexions très sages. Merci pour le partage :)

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    1. Bonjour Émilie! Merci mille fois pour tes bons mots, je suis heureuse que mon blogue te plaise! Tu es toujours la bienvenue :-)

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  3. Wow, c'est vraiment très intéressant comme histoire :)
    La fameuse recherche de l'équilibre...c'est pas toujours facile!

    Oh, merde, c'est vraiment horrible des labyrinthites! Ma mère en faisait beaucoup quand j'étais ado et elle en parle encore aujourd'hui avec peur.

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    1. Je pense que la recherche de l'équilibre, c'est LE défi numéro un des familles d'aujourd'hui. Ça demande un effort constant pour le trouver et s'ajuster en fonction des changements qui se produisent dans nos vies.

      Et oui, je confirme, la labyrinthite est carrément un enfer!

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  4. En tout cas, on peut dire qu'il vous en est arrivé bien des choses en même temps! C'est sûr qu'un petit ajustement s'imposait!

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    1. Oui, décidément, un ajustement s'imposait! On a quand même de la chance d'avoir besoin de faire des changements à notre rythme de vie en même temps. Ça aurait été difficile si l'un voulait des changements et l'autre pas... Chose certaine, on est en train de mettre en place un nouvel équilibre et ça fait du bien :-)

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