Il y a deux ans, notre vie a pris tout un tournant. Oui,
avec le recul, je peux dire que 2012 a été une année de fou!
D’abord, Alexandre a perdu son emploi. Dans le domaine de la
construction, c’est assez normal que les employeurs mettent à pied des employés
pendant la saison creuse ou quand le nombre de contrats est à la baisse.
Nous n’étions donc pas sous le choc, sachant que le travail
allait reprendre éventuellement. Toutefois, cette mise à pied a été un élément
déclencheur d’une grande étape dans notre vie : Alexandre s'est lancé à
son compte.
Ça faisait des années qu’il y pensait et devenir
entrepreneur était un rêve qui semblait inaccessible, car beaucoup trop
insécurisant financièrement. Après tout, il était le revenu principal de notre
famille, puisque nous avions décidé que je serais plus disponible pour les
enfants.
Partir à son compte, c’est compliqué, en construction. Il y
a les examens à passer pour obtenir la fameuse licence de la RBQ, le
cautionnement à obtenir, les différents organismes auprès de qui être
accrédité, le matériel à acquérir, les assurances à magasiner, et tous les
coûts associés à ces démarches. Ensuite, bien sûr, il y a les contrats à
trouver pour que l’argent entre.
Nous n’avions pas d’économies. Nous n’avions pas planifié
d’avance cet important projet. Nous n’avions pas prévu quelles seraient nos
sources de revenus en attendant que l’entreprise soit rentable.
Tout ce que nous savions, c’est que c’était le moment de
passer à l’action et de mettre toute notre énergie et nos efforts pour lancer
l’entreprise… puis espérer que ça marche.
Alexandre et moi, on s’est regardés droit dans les yeux, avons
pris conscience des risques. On s’est tenus par la main et on a sauté dans le
vide. On ne savait pas si on y arriverait, mais on savait que si on se
plantait, on trouverait bien le moyen de se relever.
Les premiers
mois, les dépenses de démarrage d'entreprise étaient plus élevées que les revenus, et c'est normal. Mais on a dû s’endetter pour pourvoir à nos besoins de base, comme faire
l’épicerie et habiller les enfants. On a tout fait pour trouver de l'argent partout où on pouvait. On a vendu une voiture. On a coupé le câble. On a renégocié
notre hypothèque. On a gratté toutes nos (très) maigres économies. On a sabré dans toutes nos dépenses, en fait.
Alexandre a étudié comme un fou pour arriver à réussir ses
examens. Ça a été très difficile pour lui qui n’a jamais été très bon à
l’école. Mais il ne s’est pas découragé et y est parvenu. J'étais tellement fière de lui, de sa persévérance et de sa détermination!
Après les démarches de démarrage d’entreprise, le plus gros
du travail restait à faire : trouver des clients, signer des contrats,
travailler!
Et pour travailler, il a travaillé. De longues, très longues
heures.
À ce moment-là, grande M. allait au plus mal à l’école. Et
nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure de l’école à la maison.
Nous ne savions pas dans quoi nous nous embarquions. Ce
choix éducatif marginal était tout nouveau pour nous. Mais nous savions que
c’était le moment ou jamais de sortir notre fille d’un système scolaire qui lui
faisait du tort, pour lui redonner le désir d’apprendre.
Alors, Alexandre et moi nous sommes regardés dans les yeux.
Avons pris conscience des risques et des conséquences de ce choix. Puis, nous
nous sommes pris par la main et avons sauté dans le vide, encore une fois. Pour
sauver l’estime d’elle-même de notre fille et son avenir scolaire, nous
n’avions plus rien à perdre.
En 2012, nous avions donc une nouvelle entreprise. Expérimentions
une nouvelle expérience éducative. Avions trois enfants, dont un petit L. d’à
peine un an. Puis, je suis devenue enceinte de petite É.
Une année de fou, vous dites?
Depuis deux ans, donc, notre couple-équipe s’était divisé
les tâches de façon très précise pour que nous puissions y arriver.
Alexandre travaille, travaille, et travaille encore. Il
peinture toute la journée et le soir, fait des soumissions, de la facturation,
de la (plate, mais nécessaire) paperasse de bureau, prépare ses outils en prévision du travail du
lendemain.
Moi, j’enseigne à mes deux plus grands enfants et m’occupe
de mes deux plus petits. J’avais mis mon travail de rédactrice de côté, n’ayant
plus le temps ni l’énergie de prendre des contrats.
Le temps a passé. On ne l’a pas vu, en fait, tellement nous
étions occupés!
Dernièrement, très très tard le soir, une fois les enfants
couchés et nos tâches terminées, Alexandre et moi avons eu le temps d’avoir une
bonne conversation.
J’étais fatiguée et déprimée, depuis quelque temps. J’ai
beaucoup de vertiges et je suis à fleur de peau. Alexandre le voyait bien.
Alexandre a des douleurs un peu partout, mais surtout dans sa
vieille blessure à l’épaule. Il traine un interminable mal de gorge. Il était
fatigué. Je le voyais bien.
Je lui ai dit que je commençais à trouver lourd d’avoir la
tâche de l’éducation des enfants sur mes seules épaules. Que je commençais à
être tannée d’être uniquement maman au foyer. Que mon travail de rédactrice me
manque. Que je voulais faire autre chose, que la routine à la maison avec les
enfants me pèse de plus en plus.
Il m’a dit que maintenant que son entreprise roule, que les
contrats se succèdent et que l’argent commence à rentrer, il aimerait ralentir
un peu la cadence pour être plus présent auprès des enfants. Il s’ennuie d’eux
et aimerait développer un lien encore plus fort avec petite É., avec qui il passe un peu moins de temps qu'il le souhaiterait.
Nous sommes rendus au même point en même temps. Nous avons
tous deux besoin de changement. De redéfinir nos rôles dans notre
couple-équipe, pour continuer de s’épanouir en tant que couple, parents et
travailleurs.
Alors, nous avons amorcé les changements qui s’imposent. J’ai
recommencé à prendre des contrats de rédaction et j’en suis très heureuse.
Ça me manquait beaucoup et ça me fait tellement de bien! J’aime les défis que
ça m’apporte et travailler en collaboration avec mon amie Nathalie est toujours
aussi agréable.
Depuis que petit L. va à la garderie, j’ai du temps pour
travailler. Les grands sont de plus en plus autonomes dans leurs études et je
peux faire de la rédaction auprès d’eux pendant qu’ils travaillent. Petite É.
fait encore deux siestes par jour, ce qui me donne du temps libre également.
Alexandre, quant à lui, va graduellement assouplir son
horaire pour être plus présent à la maison. Comme je gagnerai un peu d’argent
avec mon travail, il pourra se permettre de se libérer du temps pour faire
certaines tâches de bureau le jour, la semaine, plutôt que les soirs et la fin
de semaine. Toutes les minutes de plus qu’il pourra passer avec les enfants leur
feront tellement plaisir!
L’entreprise va bien. L’école à la maison aussi. Les enfants
grandissent, leurs besoins changent. Les nôtres également.
Tout change, tout évolue, rien n’est statique. Le moment
était venu de faire un bilan et de réévaluer notre situation, de redéfinir
nos rôles.
De retrouver l’équilibre!
Ah que j'aime lire ça!, vraiment contente pour vous!!! L'équilibre! ��
RépondreEffacerMerci, mon amie! Je savais bien que le mot "équilibre" t'interpellerait ;-) Merci de ton indéfectible soutien. xxx
EffacerQuelle belle équipe, je vous souhaite à tous une bonne continuation dans l'équilibre qui vous convient !!!
RépondreEffacerJe suis votre blog depuis peu et, même si je ne fais pas l'école à la maison, j'aime beaucoup vous lire. Les questions d'organisation, de famille nombreuse et compagnie, c'est mon quotidien également et je trouve vos réflexions très sages. Merci pour le partage :)
Bonjour Émilie! Merci mille fois pour tes bons mots, je suis heureuse que mon blogue te plaise! Tu es toujours la bienvenue :-)
EffacerWow, c'est vraiment très intéressant comme histoire :)
RépondreEffacerLa fameuse recherche de l'équilibre...c'est pas toujours facile!
Oh, merde, c'est vraiment horrible des labyrinthites! Ma mère en faisait beaucoup quand j'étais ado et elle en parle encore aujourd'hui avec peur.
Je pense que la recherche de l'équilibre, c'est LE défi numéro un des familles d'aujourd'hui. Ça demande un effort constant pour le trouver et s'ajuster en fonction des changements qui se produisent dans nos vies.
EffacerEt oui, je confirme, la labyrinthite est carrément un enfer!
En tout cas, on peut dire qu'il vous en est arrivé bien des choses en même temps! C'est sûr qu'un petit ajustement s'imposait!
RépondreEffacerOui, décidément, un ajustement s'imposait! On a quand même de la chance d'avoir besoin de faire des changements à notre rythme de vie en même temps. Ça aurait été difficile si l'un voulait des changements et l'autre pas... Chose certaine, on est en train de mettre en place un nouvel équilibre et ça fait du bien :-)
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