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samedi 20 décembre 2014

Se partir en affaires, c’est dur pour les nerfs



Ouf, le congé des fêtes est arrivé et il était plus que temps. Notre mois de décembre a été extrêmement chargé jusqu’à présent et je suis épuisée.

La dernière semaine a été particulièrement exigeante puisqu’Alexandre devait terminer ses contrats avant les vacances de Noël, en plus de devoir rencontrer son comptable pour compléter ses démarches de fin d’année fiscale.

Je crois que depuis deux ou trois semaines, nous ne nous sommes jamais couchés avant minuit, voire même une heure du matin, tant nous avions de choses à faire. Alexandre se levait ensuite vers cinq heures trente du matin pour aller travailler. Quant à moi, mes matins se suivent et ne se ressemblent pas, puisque mes deux plus jeunes ne se réveillent pas toujours à la même heure, mais c’est toujours trop tôt pour moi!

Quoi qu’il en soit, pas besoin de vous dire que nous sommes en déficit chronique de sommeil. Ma plus grande crainte, lors de ces périodes intenses, c’est qu’Alexandre s’endorme au volant. Je ne sais pas trop comment il fait pour tenir le coup avec aussi peu d’heures de sommeil et autant de stress et de choses à penser, mais je soupçonne son TDAH de lui permettre de fonctionner à plein régime malgré la fatigue.

Les dernières semaines ont aussi été dures pour nos nerfs. Alexandre a démarré son entreprise il y a maintenant un peu plus de deux ans. Tout le monde nous avait bien avertis que ça prendrait environ cinq ans avant que ce soit pleinement rentable et profitable, nous savions donc à quoi nous en tenir.

Les deux premières années, nous avons jonglé avec tout ça, pleins d’énergie, d’espoir et d’optimisme. Dans les moments plus difficiles, où les horaires de fou nous épuisaient sans que l’argent ne rentre vraiment, nous nous encouragions, nous disions que nous allions finir par y arriver, qu’il fallait tenir bon.

Ces derniers temps, c’était plus dur, surtout pour moi, de rester confiante. On dirait que le stress des deux années qui se sont écoulées m’a usé les nerfs et que ma patience est plus fragile. Je vois Alexandre travailler de très, très longues heures, tous les jours, et pourtant, il gagne moins d’argent que lorsqu’il était employé. En partant à son compte, il a aussi perdu tous ses avantages sociaux (assurances, fonds de pension, etc.) et sa possibilité d’avoir de l’assurance-emploi quand l’ouvrage vient à manquer.

Fatiguée, tendue par le stress financier et les dépenses inévitables qui sont le lot de toutes les familles, je me suis mise à regretter sincèrement le temps où il était employé. À cette époque, quand sa journée de travail était terminée, il revenait à la maison et pouvait se détendre, sans avoir à faire de la paperasse de gestion d’entreprise, répondre à ses courriels et faire ses retours d’appel. Il avait des payes toutes les semaines, et même des payes de vacances. Nous avions une assurance qui remboursait une grande partie des frais d’orthophonie de grande M. Pendant la saison creuse, l’assurance-emploi venait combler une partie du salaire manquant. Il me semblait que c’était le bon temps…

Cette semaine, Alexandre est allé rencontrer son comptable pour faire son bilan financier annuel. Je n’avais aucune idée à quoi m’attendre et j’avais vraiment hâte d’avoir son avis et ses conseils professionnels sur la gestion de l’entreprise. Est-ce qu’on est sur la bonne voie? Est-ce qu’on est en train de se planter? Ce que nous vivons actuellement est-il une étape normale dans le développement d’une jeune entreprise?

Le comptable a été on ne peut plus encourageant. Oui, il est normal qu’Alexandre ne puisse pas encore se verser un salaire aussi élevé que nous le souhaiterions, car il doit encore absorber ses dépenses de démarrage d’entreprise. Oui, cette étape est tout à fait normale. Oui, nous pouvons y arriver et d’ici quelques années, ce sera rentable si nous continuons dans cette voie.

Ce qui est très encourageant, ce que le chiffre d’affaires de l’entreprise a presque doublé depuis l’an dernier. Les contrats se succèdent, les références de clients satisfaits apportent constamment de nouveaux clients et des ententes avec des entrepreneurs généraux portent leurs fruits. Alexandre est apprécié de tout le monde et son professionnalisme et la qualité de son travail sont reconnus, c’est indéniable.

Bref, le comptable nous a donné quelques conseils pour continuer de cheminer dans la bonne direction et nous nous sentons à nouveau optimistes. Bien sûr, ça implique aussi que nous devons continuer à nous serrer la ceinture encore, le temps que les dépenses de démarrage d’entreprise aient été absorbées. Il faudra donc jongler avec un revenu plus bas et un budget familial rigoureux encore un peu.  Mais ça sera payant à long terme.

Bref, ce rendez-vous avec le comptable m’a redonné espoir et confiance. Quant à Alexandre, je crois que ça lui a redonné des ailes. Il faut dire qu’il a une tolérance au stress drôlement plus élevée que moi, et que ce qui me terrasse d’angoisse représente plutôt pour lui un défi stimulant à surmonter.

Je me suis aussi souvenue de ses derniers mois en tant qu’employé, juste avant qu’il démarre son entreprise. Combien il était marabout quand il rentrait du travail. Combien il se sentait à court de défis; il sentait qu’il stagnait et que sa carrière n’avançait plus. Il rêvait depuis si longtemps d’être entrepreneur, de gérer ses choses à sa façon, de ne plus rien devoir à personne… Je me souviens des creux, où il y avait moins de travail pendant l’hiver. Il tournait en rond dans la maison comme un lion en cage. Mon hyperactif de mari ne pouvait supporter d’être en congé forcé.

Aujourd’hui, nous sommes fatigués. Nous travaillons fort pour peu d’argent. Mais pour l’instant, nous croyons encore que ça en vaut le coup. Que nous récolterons plus tard les graines que nous avons semées et qu’alors, on pourra en profiter un peu. Et, surtout, malgré les défis, Alexandre est heureux et va travailler le sourire aux lèvres.

Aujourd’hui, c’est le temps de décrocher, de savourer ces vacances de Noël bien méritées. Ensuite, on se relèvera les manches et on continuera à bâtir l’entreprise. On va y arriver!

4 commentaires:

  1. Je suis toujours épatée par la qualité de tes écrits. Tes billets sont clairs, les descriptions réalistes et on a l'impression de vivre la situation avec vous! Je vous les souhaite belles, ces vacances dont vous avez tant besoin! Un jour à la fois.

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    1. Merci de tes beaux commentaires, chère Femme libre! Ça me va droit au cœur. J'aime tellement écrire :-)

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  2. Un billet très touchant, où l'amour pour ton mari et ta famille transparaît. Mon chum aussi a son entreprise - il a une entreprise de camps de jour pour les enfants, alors cela roule seulement l'été et durant la semaine de relâche. Le reste de l'année il est employé - professeur d'éducation physique. Or, je vois vraiment la différence durant ces mois où il doit travailler sur son entreprise. Beaucoup plus d'heures travaillées, beaucoup plus de stress, insécurité d'une année à l'autre à savoir si les profits seront au rendez-vous, problème de gestion de personnel, enfants qui se blessent et dont il a la responsabilité, conflit d'horaire, moniteurs à gérer et à former, etc.. Mais en même temps, comme tu le décris si bien dans ton billet, ces durant ces mois que je vois mon chum le plus heureux et fier de son travail. Il est toujours content d'aller travailler le matin.

    Bonne chance à toi et ta belle famille, et profitez bien de vos vacances si méritées

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    1. Merci pour tes bons mots, Tiffany. Nos "chums" ont la fibre entrepreneuriale très développée, on dirait!

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