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vendredi 23 janvier 2015

« Maman, j’ai changé d’idée… »

Nous avions un plan pour l’an prochain. En septembre 2015, grand A. retournerait à l’école selon son souhait. Petit L. et petite É. iraient à la garderie trois jours par semaine. Je n’aurais donc qu’à enseigner à grande M., qui sera alors en 6e année. Pour tout dire, ça me semblait un super plan!

Jusqu’à ce que grand A. vienne me parler, l’air préoccupé.

Grand A. : « Maman, j’ai changé d’idée… je ne veux plus retourner à l’école. »

Moi, déstabilisée : « Vraiment? Mais pourquoi? »

Grand A. : « J’ai réalisé que je voulais juste retourner à l’école pour les amis. Mais mes amis, à l’école, je ne peux jouer avec eux que pendant les récrés, c’est juste deux fois 15 minutes! Je peux passer beaucoup plus de temps avec eux les fins de semaine, les soirs, les journées de congé, aux scouts. Et j’ai mes amis du groupe d’école maison, aussi. Je n’ai pas le goût de retourner à l’école parce que je n’ai pas envie d’être assis toute la journée à un pupitre. Je me suis trompé, maman, je ne veux pas y retourner ».

Moi : « Ça fait un petit bout que tu penses à ça, si je comprends bien… Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé avant? »

Grand A. : « Je ne sais pas… Tu avais l’air contente que je retourne à l’école. Je le sais que tu es tannée des fois, de faire l’école à la maison. »

Moi, un peu bouleversée par ce revirement de situation : « Mais grand A., tu n’as pas à prendre de décision à cause de moi! Ça me touche beaucoup que tu te soucies autant de ce que je ressens et de ce que je veux, mais tu peux me dire ce que tu penses et tu ressens toi aussi. C’est important que nous soyons tous les deux heureux dans nos plans et projets. »

Grand A. : « Est-ce que je peux continuer l’école à la maison, alors? »

Moi : « Écoute, je veux qu’on en parle avec papa. Il faut qu’on réfléchisse bien à ce qui serait le mieux pour tout le monde. Trouves-tu que tu apprends bien, depuis qu’on fait l'école à la maison? »

Grand A. : « Ben oui, voyons! Tu expliques bien, maman! Et puis, on fait plein de sorties et d’activités et je trouve que j’apprends mieux, dans ce temps-là. À cause que c’est intéressant, on dirait que mon cerveau s’en rappelle plus. Tsé, à l’école, le prof parlait beaucoup, et là, je tombais dans la lune, et je ne me souvenais pas de tout ce qu’elle disait… »

Moi : « Je vais en parler avec papa et on te revient là-dessus, d’accord? »

À ce moment-là, je ne savais plus du tout quoi penser. Je veux continuer l’école à la maison, je crois profondément en ce moyen d’éduquer mes enfants. Mais de l’autre, je trouve la responsabilité très lourde, parfois, surtout quand je dois en plus me battre contre la commission scolaire pour faire valoir mes droits.

Complètement torturée à l’intérieur, je me suis vidé le cœur auprès d’Alexandre. Et nous avons décidé que grand A. retournerait à l’école, comme prévu. Au pire, si son retour en classe ne se passait pas bien, nous pourrions le reprendre à la maison, après tout.

Mais cette prise de décision ne m’a pas apaisée du tout, même si elle me permettait de conserver mon beau plan original.  Mes valeurs, mes besoins et ceux de mon fils s’entrechoquaient violemment dans mon cœur et mon esprit.

Le lendemain soir, j’en ai longuement rediscuté avec Alexandre. Je ne savais plus quoi faire. Je n’avais pas envie de renvoyer grand A. à l’école contre son gré. En même temps, je trouve que faire l’école à la maison est très exigeant…

Alexandre m’a fait remarquer que, comme par hasard, c’est lorsque je reçois des appels ou des lettres du directeur d’école que je deviens stressée à l’extrême et que je remets en question notre projet d’école maison…

Il m’a rappelé à quel point nos enfants se sont épanouis lorsqu’on les a retirés de l’école. À quel point les contraintes imposées par le système scolaire nous énervaient.

Il m’a dit de faire confiance à nos enfants, en leur capacité d’apprendre. De me faire confiance, aussi. Que je suis capable de les accompagner dans leurs apprentissages; nous les voyons grandir, s’épanouir et se développer un peu plus chaque jour.

Nous avons donc décidé que grand A. pourra poursuivre la scolarisation à domicile l’an prochain. Après réflexion, enseigner à mes deux plus vieux n’est pas plus difficile que d’enseigner à un seul. Ils apprennent vite et font bien leur travail. Ce que je trouve le plus exigeant, c’est de m’occuper des plus petits en même temps, puisqu’ils nous interrompent souvent.

Toutefois, la situation s’est déjà améliorée depuis que petit L. va à la garderie trois jours par semaine. Ça lui fait du bien et ça nous fait du bien à nous aussi. Petite É. entrera à la garderie les mêmes jours que son frère en mars. C’est donc dire que ces trois jours, nous pourrons profiter de l’absence des tout-petits pour faire les travaux et projets qui demandent le plus de concentration et d’efforts. Ça changera tout!

Sans les petits à la maison ces trois jours par semaine, ça veut aussi dire que j’aurai un peu plus de temps pour moi également. « Faire de l’école » ne nous prend pas toute la journée et une fois leurs travaux faits, les grands peuvent vaquer à leurs activités et projets personnels. Sans petits à la maison, ça voudra aussi dire que je pourrai, moi aussi, profiter de ce temps pour mes propres occupations ou pour prendre un peu plus de contrats de rédaction.

Finalement, toutes ces réflexions et mes discussions avec Alexandre m’ont forcée à reprendre position et à me reconnecter avec mes valeurs. C’est difficile de concilier les besoins de tout le monde, dans une famille, mais je crois que nous parviendrons à trouver un nouvel équilibre.


Ah, cette fameuse recherche d’équilibre… C’est tout un défi!

2 commentaires:

  1. C'est vrai qu'il est difficile de concilier les besoins et envies de tous. L'IEF fonctionne seulement si chacun y trouve son compte.
    Ds notre famille, cette aventure a développé une harmonie qui nous faisait défaut; elle nous a rapprochés et a tissé des liens précieux. Alors si la vie nous le permet, j'espère continuer ainsi jusqu'à leur entrée au lycée.
    Je vous souhaite une belle histoire, qui dure, qui dure !!

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    1. Tu as absolument raison : tout le monde doit y trouver son compte pour que ça fonctionne. Répondre aux besoins et désirs de tous les membres de la famille est un défi constant...

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