Qui suis-je?

lundi 17 août 2015

Il y a deux ans...

17 août 2013. 39 semaines de grossesse.

Ce matin-là, vers 8 heures, petit L. vient me tirer de mon sommeil. Mon petit homme est fin prêt à commencer sa journée, mais j’aurais dormi un peu plus longtemps! Avec mon gros ventre, la chaleur et tous mes inconforts de fin de grossesse, je dors si mal…

Sitôt réveillée, j’ai l’étrange impression que mon bébé est beaucoup plus bas que la veille, quand je suis allée au lit. Je le sens dans mon bassin, je me sens lourde.

Je me lève et me rend au salon avec mon petit L. pour écouter des dessins animés avec lui. Je m’assois avec lui sur le divan et c’est là que tout à coup… flouch! Je crève mes eaux!

Je me relève subitement, empoigne la jetée qui était sur le divan et la mets entre mes jambes pour absorber toute l’eau qui s’écoule de mon ventre. Grand A., qui arrive au salon, me regarde avec de grands yeux. Je lui demande de vite aller chercher son père et de lui dire que j’ai crevé mes eaux.

Alexandre surgit en trombe dans le salon : « Ok, on part! ».

Moi : « Attends, je n’ai même pas de contractions! Peut-être qu’on peut attendre un peu avant de partir. »

En réalité, même si c’est mon quatrième accouchement, c’est la première fois que je crève les eaux en tout début de travail. Pour tous mes autres enfants, la poche des eaux s’est rompue au moment de pousser seulement. Je ne sais pas quoi faire!

Mon premier réflexe est de téléphoner à ma sœur, qui a elle-même accouché de son premier enfant deux semaines plus tôt et qui avait crevé ses eaux en début de travail.

Moi : « J’ai crevé mes eaux, mais je n’ai pas encore de contractions. Qu’est-ce que je fais? »

Ma sœur : « Ben, tu t’en vas à l’hôpital! En plus, tu as accouché tellement vite les dernières fois! Allez, pars! »

Je prépare mes choses pour partir, je téléphone à ma mère pour qu’elle vienne s’occuper des enfants, j’appelle mon amie Valérie, qui est aussi mon accompagnante à la naissance, pour lui dire d’aller nous rejoindre à l’hôpital. Alexandre, lui, va chercher la voisine pour qu’elle surveille les enfants en attendant l’arrivée de ma mère.

À 8h20, nous sommes en route! J’ai quelques petites contractions irrégulières et pas trop douloureuses. Je m’incline vers l’arrière sur mon siège, afin que la tête du bébé accote sur le col et empêche le liquide amniotique de s’écouler.

Nous arrivons à l’hôpital vers 8h45. Je commence à me sentir de plus en plus nerveuse. Je vais accoucher, pour vrai de vrai! Et si mon corps ne se souvenait plus comment faire? Et si les choses tournaient mal, cette fois-ci? J’ai hâte d’avoir mon bébé dans les bras. J’ai hâte que ce soit terminé.

Je m’assois sur un banc, devant l’hôpital, pendant qu’Alexandre va stationner la voiture. Je n’ai pas encore beaucoup de contractions. J’en profite pour respirer à fond l’air doux et chaud de ce beau matin d’été. Il fait beau, le soleil réchauffe ma peau. J’essaie de me détendre.

Valérie nous attendait à la maternité. Je suis contente de la voir! Sa présence me rassure. Avec elle et Alexandre à mes côtés, je sais que je vais y arriver. Les infirmières m’accueillent et m’installent dans une salle d’évaluation. Je revêts la jaquette d’hôpital et m’assois en indien sur le lit. Dans cette position, je sens mon bassin bien ouvert et je suis relativement confortable.

Les infirmières me posent des questions, m’examinent et installent le moniteur. Pour l’instant, le moniteur ne me dérange pas, je les laisse donc faire. Par contre, je fais dos à l’appareil qui mesure me contractions et c’est très bien. Je ne veux pas savoir ce que l’appareil mesure. Je veux simplement ressentir ce que mon corps vit et entrer dans ma bulle.

Les contractions sont maintenant de plus en plus fortes et régulières. Elles durent plus longtemps, aussi. Quand une contraction se pointe, j’interromps ma conversation, je fixe un point droit devant moi, je respire et je n’entends plus rien autour de moi. J’ai mal, mais je sais que chaque vague de douleur permet à mon col de s’ouvrir un peu plus. Je me parle mentalement : « La vague arrive. Je suis au sommet de la vague, la douleur va s’estomper bientôt. Mon bébé s’en vient. Tiens bon, bébé. Nous sommes ensemble. Bientôt, tout sera fini et tu seras dans mes bras. Ah, la vague est enfin passée. On a un petit répit jusqu’à la prochaine, bébé. Tout est calme, maintenant ».

À chaque contraction, un flot de liquide coule entre mes jambes. J’entends une des infirmières dire à l’autre : « Le liquide est teinté ». Je m’inquiète. Du méconium dans le liquide? Ça veut dire que le bébé est en détresse! Valérie me rassure : « Il est très peu teinté, ce n’est presque rien. Ne t’inquiète pas, tout va bien. »

Enfin, on me dit que la chambre de naissance est prête. Je peux marcher pour m’y rendre, ce n’est pas très loin. Je marche un peu tout croche, en tenant un piqué entre mes jambes pour ne pas répandre de liquide amniotique  dans le corridor! Ça me fait du bien, de marcher. Je sens mon bébé si bas, si bas!

J’entre dans la chambre de naissance. On m’a donné celle au bout du couloir, dont un mur complet est vitré. Par les immenses fenêtres entre la douce lumière de ce beau matin d’août. C’est la même chambre où j’ai donné naissance à mon grand A.! Je m’y sens bien, je suis rassurée de me retrouver dans ces lieux connus.

Debout, près du lit, je sens soudain une grande pression. Ça pousse! Une bouffée de chaleur m’envahit et j’arrache vivement ma jaquette. J’ai toujours accouché toute nue, je ne supporte aucun vêtement sur mon corps qui travaille si fort pour donner naissance.

Je m’approche du lit et j’y monte, à quatre pattes. Je sens que je ne peux pas m’asseoir. Je reste donc ainsi, à quatre pattes, nue. Je n’ai plus de contractions, mais je n’ai pas non plus envie de pousser. Je ne me sens pas bien. Je déteste la phase de latence, où il ne se passe plus rien, où je ne peux qu’attendre que mon corps soit prêt à passer à la prochaine étape.

Tout à coup, ça pousse. Beaucoup. Très fort! Je veux POUSSER! Alors, je pousse. J’entends vaguement les infirmières s’agiter autour de moi. L’une appelle le médecin, lui donnant un code qui doit vouloir dire : « Arrive au plus vite! ».

Je sens mon bassin s’ouvrir quand le corps de mon bébé y passe. Une seule grosse poussée a été nécessaire pour faire sortir ma petite fille de mon ventre. Ma petite É. a littéralement plongé tête la première dans mon lit… et dans la vie!

Comme je suis à quatre pattes, je ne vois pas mon bébé. Je sais qu’elle est derrière moi, mais je ne suis pas certaine si j’ai fini d’accoucher ou si je dois encore pousser. Je demande sans arrêt : « C’est fini? Est-ce que c’est fini? ». Le médecin, enfin arrivé dans la chambre, me répond : « Ne vous assoyez surtout pas, madame! ». Je comprends que ma petite est toute là, sous moi, et que si je m’assois, je vais l’écraser!

Enfin, quelqu’un prend mon bébé et je peux m’installer dans mon lit. Il est 9h30 et j’ai ma petite puce dans les bras. Je suis folle de joie, Alexandre et Valérie aussi! Ça s’est si bien passé, ça a été si vite encore une fois!

Je prends ma petite fille, nue, et la colle contre ma poitrine, nue elle aussi. Le peau à peau des premiers instants de vie, quel bonheur! Elle cherche mon sein et l’agrippe rapidement. Elle tète goulûment, comme une championne. Si affamée de vivre, si avide de se nourrir de mon lait!

Pendant ce temps, l’infirmière masse mon ventre et le médecin retire le placenta. Nous sommes tous de bonne humeur après cette naissance heureuse et facile. Avant qu’ils ne partent avec le placenta pour en disposer, je demande à le voir. Je l’observe, l’infirmière me montre les différentes parties, le cordon, la poche des eaux. Je remercie mentalement mon placenta d’avoir permis à mon bébé de vivre et de se développer pendant ses neuf mois où il a été dans mon ventre, comme je l’ai fait après chacun de mes accouchements.

Une fois bien installée, les manœuvres et interventions post-accouchement terminées, le médecin et les infirmières quittent, nous laissant seuls dans la chambre avec notre toute nouvelle petite poulette. Valérie nous serre bien fort dans ses bras et quitte, elle aussi.

Nous voilà, Alexandre, petite É. et moi, réunis pour la première fois. Nous avons si hâte d’annoncer la nouvelle de son arrivée à tous nos proches que nous téléphonons à tout le monde!

J’observe ma petite fille, que j’aime depuis si longtemps déjà, mais qui est néanmoins une inconnue. Elle a une petite bouche en cœur. Un menton pointu. Une belle tête ronde et chauve. Elle sent bon.  Elle a une grosse tache de naissance qui s’étend de son front jusque sur ses paupières. Je sais que cette tache, qu’on appelle « le baiser de l’ange », va pâlir avec le temps. L’ange lui a définitivement fait un gros bisou!

J’observe ses petits traits, et je ne lui trouve pas beaucoup de points en commun avec mes autres bébés naissants : « Tu ne ressembles pas à tes frères et sœurs! Qui es-tu, toi? ». J’ai déjà hâte de découvrir sa personnalité, son unicité.

Je suis restée à l’hôpital 24 heures seulement. J’aurais sans doute pu sortir la journée même de mon accouchement, puisque ma petite buvait bien et que j’avais eu un accouchement sans complication. Mais je savais que ce séjour à l’hôpital était le seul moment que je pourrais passer seule à seule, dans le calme, avec ma petite fille. Je savais bien que dès mon retour à la maison, la réalité du quotidien allait reprendre rapidement son cours, avec trois autres enfants dont je devrais m’occuper et qui me solliciteraient constamment. À l’hôpital, malgré les visites fréquentes des infirmières, c’était quand même plus tranquille qu’à la maison. Et je n’avais pas à préparer de repas, à ranger la cuisine, à gérer des enfants…. La paix, quoi!

C’est ainsi que ma petite É. est entrée dans ma vie. Dans le calme et la douceur.  Aujourd’hui, elle est encore calme et douce, ma belle poulette de deux ans! Elle ressemble un peu plus à ses frères et sœurs qu’à sa naissance, surtout à petit L. Elle n’a toujours presque pas de cheveux! Elle est souriante, taquine, affectueuse, presque toujours de bonne humeur.

C’est ma petite dernière et elle le sera toujours. Ma petite cerise sur le sundae!

Je t’aime, petite É.! Bonne fête!



6 commentaires:

  1. Wow! Quelle beau récit d'acouchement! Tu acouches vite!!!! Je sens que le mien sera définitivement plus long!...mais j'ai confiance en moi et je sais que je peux y arriver. Merci beaucoup d'avoir partager cette belle expérience. Je lis tellement d'histoires qui tournent mal que parfois, ca fait du bien de lire de belles histoires comme la tienne.

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    1. Tu sais quoi? Il y a plein de super belles histoires d'accouchement et d'allaitement. Mais les femmes osent peu en parler, de peur de se faire "lancer des roches" par celles pour qui ça s'est moins bien passé... J'ai eu quatre beaux accouchements, sans complication et très rapides (45 minutes pour petit L.!), et j'ai eu de belles expériences d'allaitement aussi. Ça se peut! Et je ne dis pas ça pour me vanter, mais bien pour que tu saches qu'il n'y a pas que des histoires d'horreur ;-)

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  2. Merci de partager ton histoire! et Bonne Fête Petite É.!

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  3. Tu aurais pu accoucher à la maison toi et tout se serait bien passé. Le médecin était inutile, vraiment. Une belle histoire que cette naissance! ;o)

    Pour en lire d'autres toutes intéressantes et différentes, le site "yogaspace.com/birth-stories"

    Bon anniversaire à ton bébé qui devient une petite fille!

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    1. J'aurais vraiment aimé accoucher à la maison! Malheureusement, je ne demeure pas sur le territoire desservi par les sages-femmes de la maison de naissance de la Montérégie... Et je n'avais ni les moyens ni le courage d'avoir recours aux services d'une sage-femme "illégale". Heureusement, tout s'est bien passé à l'hôpital et les infirmières et le médecin ne m'ont fait aucune intervention non désirée et m'ont laissée entrer dans ma bulle.

      Merci pour le lien, je vais aller y faire un tour!

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