C’est un automne assez différent, qui nous attend. Pour la
première fois depuis trois ans, j’aurai un enfant scolarisé à l’école. Pour la
première fois, j’aurai à la fois un enfant dans le système scolaire et l’autre
pas. La semaine prochaine, nous vivrons alors une rentrée et une non-rentrée
simultanément!
Grand A., donc, retourne à l’école. Une partie de moi est
très excitée par cette rentrée. J’étais bonne à l’école et j’adorais ça, et je
retrouve avec plaisir cette frénésie du début des classes à travers mon fils.
Je suis allée acheter ses effets scolaires, ce qui, hormis
le montant total de la facture, représente un réel plaisir pour moi. J’aime
choisir les cahiers, les crayons, sentir le papier tout neuf des fournitures
scolaires, les étiqueter à son nom. J’ai hâte de savoir qui sera son
enseignant, quels amis seront dans sa classe, quels manuels ils utiliseront.
De l’autre côté, je suis remplie d’appréhension face à cette
rentrée. D’abord, parce que mon fils a été scolarisé à domicile et qu’il est
déjà étiqueté comme tel à l’école. Même les membres du personnel et les parents
qui ne nous connaissent pas personnellement savent que grand A. n’est pas allé
à l’école pendant trois ans. Notre choix éducatif a fait jaser pas mal dans l’école,
semble-t-il… J’espère que ça ne lui mettra pas une pression supplémentaire de
démontrer qu’il a bel et bien appris quelque chose à la maison!
Les préjugés envers l’école à la maison sont tenaces et ont
même réussi à perturber mon grand A., pourtant habituellement si confiant. Il
me raconte parfois, quand il revient de chez un ami qui va à l’école, les
commentaires qu’il a reçus. Certains de ses amis lui ont dit que leurs parents
trouvent que l’école à la maison, ce n’est pas correct et que de toute façon, c’est
illégal (ce qui est faux, bien entendu). Il lui est même déjà arrivé de se
faire poser des questions-quiz par certains enfants qui ne croyaient pas qu’il
pouvait apprendre quelque chose sans aller à l’école, ce qui le rend toujours
très nerveux, et avec raison!
A : « Maman, je ne sais pas si ça va bien aller, à
l’école. J’ai peur de ne pas savoir autant de choses que les autres… »
Moi : « Mais pourquoi saurais-tu moins de choses
que les autres? »
A : « Ben, parce que je ne suis pas allé à l’école!
Tsé, les enfants qui vont à l’école, ils passent toutes leurs journées à
apprendre des choses. Nous, on ne fait pas du cahier toute la journée! »
Moi : « Non, mais on apprend différemment! On fait
des projets, des sorties, plein de choses! Tu as autant appris, mais pas de la
même façon. Ça t’inquiète, hein? »
A : « Oui… »
Moi : « Fais-toi confiance, mon coco. Tu es
intelligent et tu apprends vite. Bien sûr, tu vivras une période d’adaptation,
c’est normal! Il faudra que tu te réhabitues à travailler en classe, avec un
prof et tout. Au début, ça se peut que tu trouves ça difficile. Mais tu y
arriveras. »
A : « Mais je ne suis pas bon en français… »
Moi : « Personne n’est bon dans tout, dans la vie.
Toi, tu es fort en maths et en sciences. Le français, c’est moins ta force. Et
alors? Si jamais tu as de la difficulté, on va t’aider, moi, ton enseignant,
peut-être l’orthopédagogue. On ne te laissera pas tomber. »
Grand A. a semblé rassuré par notre entretien. Je sais par
contre qu’il n’a pas très hâte de devoir être assis à un pupitre toute la
journée, après avoir connu la liberté que permet l’école à la maison.
J’espère que tout se passera bien lors de son retour en
classe. D’autant plus que l’ambiance ne semble pas des plus réjouissantes dans
le milieu scolaire en raison des compressions budgétaires et des moyens de
pression des enseignants. J’appuie à 100 % les revendications des
enseignants, mais j’espère de tout mon cœur que les enfants ne souffriront pas
trop du climat tendu actuel. Et que la qualité de l’éducation offerte à nos
enfants ne sera pas compromise (ce dont je doute fortement…)
Quant à grande M., nous entamons sa dernière année de
primaire et, si tout se passe comme prévu, sa dernière année d’école à la
maison.
Mon objectif cette année est de la préparer le mieux
possible pour son entrée au secondaire, l’an prochain. Ça m’angoisse un peu, je
ressens une forte pression sur mes épaules d’avoir la responsabilité de son
éducation pendant cette période de transition intense entre le primaire et le
secondaire. Elle a encore beaucoup de mal à travailler de façon autonome en
raison de ses difficultés en français. Sa dyslexie représente un réel défi et
elle a une fatigabilité cognitive extrême. Nous avons donc beaucoup de pain sur
la planche…
J’espère aussi que les relations avec la direction d’école
seront aussi cordiales cette année que l’an passé. Je suis prête à me battre
pour faire valoir mes droits, mais sincèrement, je n’en ai pas du tout envie. J’ai
plutôt envie de mettre toutes mes énergies sur moi, ma famille et mon couple,
pas à lutter contre un système qui ne comprend pas et ne veut pas comprendre le
choix éducatif que j’ai fait.
Comment se passe la rentrée, chez vous? Vous ressentez de la
hâte ou de l’appréhension?
Je vous souhaite sincèrement que tout se passe bien!
RépondreEffacerÇa s'est bien passé, effectivement! Il était hyper nerveux en se levant, le matin de la rentrée, mais une fois qu'il a retrouvé ses amis dans la cour d'école, il s'est détendu!
EffacerEt puis, c'était aujourd'hui? Ça s'est passé comment?
RépondreEffacerChez nous, c'est petit-fils qui commençait sa première année. Il était ravi et tout fier!
Je pense que tu vas pouvoir accomplir bien plus de boulot avec ta fille en te concentrant sur elle et en l'ayant comme unique élève. En plus, elle ne sera pas en compétition avec son frère qui devait déjà la dépasser, ce qui est compréhensible mais dur a vivre tout de même émotivement. Vous avez pris encore une fois les bonnes décisions! Et puis vous pourrez faire des "affaires de filles", avoir du fun ensemble pas juste faire l'école. Ça va être une super année! ;o)
RépondreEffacerOui, absolument! L'école n'est recommencée que depuis quelques jours et je vois déjà une grande différence dans mon organisation scolaire et familiale. Je trouve en effet beaucoup plus facile d'enseigner à ma fille seulement. Et tellement agréable de ne pas avoir de conflits frère-soeur à gérer constamment ;-)
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